ASérent, l'abattement le dispute à l'espoir. Vendredi se jouait l'avenir du pôle frais du volailler Doux, en liquidation judiciaire depuis le 1er août. En attendant de connaître le nom de possibles repreneurs pour leur site morbihanais et les neuf autres que compte cette ex-branche du volailler, les 178 salariés avaient les nerfs à vif. «Cela fait des semaines que l'on attend. Ce matin, on nous a dit que les offres de reprise seraient connues à 9 h 30, puis on nous a dit midi, et encore que cela pourrait durer jusqu'à minuit… Quand est-ce que cela va s'arrêter ? Le moral ? Il n'est même plus dans les chaussettes, il est tout retourné !» s'agite Anne-Marie, 46 ans, dont quatorze passés au service du volailler, en pompant cigarette sur cigarette.
Sous l’abri proche des ateliers d’abattage, de découpe et de conditionnement de poulets frais qui dominent la petite commune de Sérent, 3 000 âmes, les paroles sont rares et les visages fermés.
Casse. «Mercredi, quand des repreneurs sont venus visiter l'usine, on était en grève, il n'y avait personne, poursuit Anne-Marie. Cela ressemble à quoi de visiter une usine sans voir comment les gens y travaillent ?» Nathalie Le Bec, déléguée Force ouvrière, les mains enfoncées dans les poches de sa blouse blanche, se veut plus optimiste : «Les visites, ça rassure, on ne vient pas sans arrière-pensée. Et puis, mercredi, on est allé manifester à Vannes. Cela nous a fait du bien d