Après quatre ans de crise financière aiguë, le président fondateur de l’Institut Montaigne, et ancien patron d’Axa, Claude Bébéar, affirme la nécessaire réforme des agences de notation.
L’Institut Montaigne vient de rendre un rapport sur les agences de notation, mais leur omnipotence n’appartient-elle pas déjà au passé ?
C'est vrai. Les agences dégradent à tour de bras, elles l'ont fait avec la France et les Etats-Unis, mais jamais ou presque les taux auxquels ces pays empruntent n'ont été aussi bas. On revient très progressivement vers la situation d'avant la crise, lorsque ces acteurs n'avaient qu'une importance toute relative. Les agences déprécient, so what ?
Vous critiquez le rôle exorbitant qu’on leur a confié.
Les régulateurs américains et européens leur ont progressivement conféré une importance très exagérée, au point d’intégrer la notation dans tout un tas de réglementations financières. Comme si tout ce qu’elles disaient était parole d’évangile alors qu’elles n’expriment qu’un avis parmi beaucoup d’autres. La conséquence la plus néfaste de ce poids très excessif pris par le triumvirat Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s a été de déresponsabiliser les investisseurs. Lorsque leurs investissements se sont révélés hasardeux, ils se sont réfugiés derrière les triples A accordés par les trois grandes agences. N’oubliez pas que Madoff était toujours noté triple A à la veille de sa chute. Du coup, les agences amplifient les bulles, ne voient pas venir les crises et, une fois celles-ci avérées, elles surréagissent. Elles sont très largement «procycliques», et renforcent les mouvements à la hausse et à la baisse.
Que faut-il faire alors ?
Il faut remettre les agences de notation à