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Libération
Reportage

A Ciudad Real, la fin des mégalos mannes

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Avec son aéroport fantôme flambant neuf, cette ville de Castille-La Manche symbolise les errements financiers des régions espagnoles.
publié le 13 août 2012 à 20h36

A le voir à l’abandon au beau milieu de l’aride plateau castillan, fermé à double tour, sans voyageur ni avion, on s’interroge d’emblée : fallait-il vraiment construire un aéroport ultramoderne, doté d’une des pistes les plus longues d’Europe (4,2 kilomètres) ? Qui plus est pour desservir une ville de 70 000 habitants sans attrait touristique, et à seulement une heure de train de Madrid ?

A Ciudad Real, beaucoup font mine de ne pas comprendre la question. En réalité, dans cette région qui fut celle de Don Quichotte et de ses moulins à vent, chacun sait le pourquoi de cette aberration : la folie des grandeurs et, surtout, la cupidité qui s’est traduite par le pillage des fonds publics par un groupe de politiciens et d’hommes d’affaires sans scrupule. Aujourd’hui, c’est un terminal fantomatique, ceint d’un parking grand comme trois terrains de foot, surveillé par deux gardes civils et des agents de nettoyage.

Pourtant, en 2008, l’aéroport Central démarre sous de mirifiques augures. On débourse 500 millions d’euros pour sa construction, on parle d’héberger des Airbus A380 et d’accueillir 2,5 millions de voyageurs par an. Le prévisible fiasco ne se fait pas attendre longtemps : pas plus de trois vols chaque semaine, à peine 100 000 passagers annuels voyageant sur des low-cost. Fin 2011, les pertes financières s’élèvent à 319 millions d’euros : le donquichottesque aéroport est en suspension de paiement.

Bastion. Officiellement, seuls ont été engagés des fonds privés