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Des normes faites pour et par des industriels

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Le lobby des cosmétiques est puissant et la réglementation accommodante.
publié le 13 août 2012 à 21h16

Le 12 juillet, Laurence Coiffard est intervenue au Congrès de cosmétologie maritime de Brest. Mais deux fabricants de crèmes solaires ont menacé l'organisateur, le dermatologue Laurent Misery, pour tenter de la faire taire. Le premier voulait éviter que la Pr Coiffard critique les produits bio, le second qu'elle ne remette en cause l'intérêt des crèmes solaires dans la prévention des cancers de la peau. «Leur soutien au congrès était conditionné par cette "censure". J'ai pris les devants en leur signifiant que je ne voulais pas qu'ils soient sponsors. Je juge cette attitude inacceptable», explique à Libération le Pr Misery, ajoutant que «la pression de l'industrie pharmaceutique et cosmétique est de plus en plus forte».

Limites. L'industrie cosmétique jouit d'un grand pouvoir d'influence. Par exemple, c'est elle qui a décidé de la manière dont l'indice de protection UVB des crèmes est évalué sur l'homme. Le test officiel, reconnu notamment par l'UE, est l'œuvre des industriels européens, américains, sud-africains et japonais. Auparavant, c'était la méthode du Colipa, le lobby européen des cosmétiques (1). Dans un rapport de 2006, le groupe d'experts «crèmes solaires» de l'Afssaps (devenue l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament) décrivait pourtant les «limites» du test, qui «nécessite des modifications» afin de le rendre plus sévère. Cela n'a pas été fait lorsque le test a été val