Laurent Lempereur est responsable de la Direction des laboratoires et des contrôles de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Lors de contrôles en 2008, l’ANSM avait annoncé que 25% des produits solaires testés posaient problème. Qu’avez-vous fait ?
J’ai repris les données : en fait, 30 produits sur 60 testés dans notre laboratoire avaient un indice de protection inférieur à celui affiché, mais seulement quatre avec une différence que nous avons jugée significative. Pour ceux-là, nous avons diligenté des inspections et regardé si les résultats des tests sur l’homme par les fabricants étaient robustes. Ce n’était pas le cas pour l’un des produits, qui a été retiré du marché.
Qu’avez-vous fait lorsque le Pr Coiffard vous a alerté l’année suivante sur les produits bio ?
Nous avons trouvé les mêmes résultats qu'elle dans notre laboratoire. Mais les données des tests sur l'homme des fabricants étaient correctes. Pour interdire un produit, on ne peut pas se baser uniquement sur les tests in vitro, qui ne sont pas normalisés et donc non opposables aux industriels. Nous utilisons cette méthode pour repérer les produits suspects.
Pourquoi ne retestez-vous pas les produits suspects sur l’homme ?
C’est une question que nous avons abordée. Il serait intéressant qu’on puisse faire des tests indépendants.
Pourquoi l’ANSM et les industriels ne jurent-ils que par les tests sur l’homme ?
La méthode en labo est intéressante. Elle est standardisée pour la protection UVA, nous travaillons à ce qu'elle le soit pour l'UVB [l'indice affiché sur les produits, ndlr]. En attendant, les industriels disent que les résultats sont encore trop variables selon les laboratoires, et ils ont raison. Nous l'avons constaté lors de mesures comparatives dans 29 laboratoires publics européens. Je pense que la référence restera toujours le test <