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Libération
Reportage

Dans le Nebraska, «ça me rappelle les années 30»

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En raison de la sécheresse, certains éleveurs ont dû abattre jusqu’à 25% de leurs troupeaux.
publié le 16 août 2012 à 22h06

Aperte de vue, les champs de maïs sont désespérément jaunes là où ils devraient être d'un vert éclatant. Quand on s'approche, les feuilles font un bruit de papier froissé. Comme des sexes épuisés, les épis pendouillent, au lieu de se dresser fièrement. «Quand il n'y a plus d'humidité, l'épi pique du nez, c'est le signe que la plante est en train de mourir», soupire Dave Nielsen, triste propriétaire d'un de ces champs grillés, en balayant du regard ses plantations. Sur son exploitation de Lincoln, 1 000 hectares plantés de maïs et de soja, dans l'est du Nebraska, la dernière pluie substantielle remonte au 13 juin. «Dans toute notre vie d'agriculteur, même si on commence jeune et si on travaille jusqu'à 70 ans, on n'a qu'une cinquantaine de récoltes, médite Dave. Ce n'est pas comme pour un joueur de golf, qui peut s'y reprendre un nombre infini de fois pour faire son birdie. Nous n'avons qu'un nombre limité de chances de faire de bonnes récoltes, et en voilà une brûlée. C'est déprimant.»

Du Nebraska à l'Oklahoma, de l'Indiana à l'Utah, la sécheresse qui ravage cet été tout le centre des Etats-Unis est la plus grave par son étendue depuis 1956. La récolte de maïs sera réduite de 13% par rapport à 2011 et celle de soja de 12%, prévoit le ministère fédéral de l'Agriculture. «Moi, ça me rappelle même les années 30, soupire Wayne Nielsen, le père de Dave qui, à 86 ans, vient encore donner un coup de main. La différence est qu'on est tout de mê