Menu
Libération
Interview

«Les spéculateurs représentent 85% des intervenants»

Article réservé aux abonnés
Pour l’économiste David Bicchetti, la flambée est due à la financiarisation du marché des matières premières.
publié le 16 août 2012 à 22h06

A priori, rien ne relie la chute de l’action du réseau social Facebook à la production de viande en Uruguay. De même que les résultats annuels de Coca-Cola n’ont pas grand-chose à voir avec le prix du boisseau de maïs. Et pourtant, depuis quelques années, les marchés dits de «commodités» (pétrole, maïs, soja, sucre, blé et bétail) sont de plus en plus étroitement corrélés avec les places boursières. David Bicchetti (photo DR), économiste à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), auteur d’un rapport sur la financiarisation des marchés de commodités, explique pourquoi.

Vous affirmez que les aléas climatiques ne sont plus les seuls responsables des envolées des cours de matières premières agricoles…

De tout temps, la fixation du prix du boisseau de maïs ou de la tonne de blé a dépendu de l'offre et de la demande. La demande a toujours été relativement stable et prévisible, la population, ainsi que ses modes de consommation, évoluant de manière régulière. Le problème se situe plutôt du côté de l'offre, car celle-ci dépend des conditions de production du champ de maïs, des engrais qu'on y met, du beau et du mauvais temps… Généralement, par le passé, les prix s'envolaient lors d'épisodes climatiques entraînant de mauvaises récoltes. C'est un peu ce qui se passe aux Etats-Unis cette année, avec la sécheresse, ou en Russie, en 2010, au moment où le pays a interdit les exportations de céréales.

Depuis peu, les opérateurs aiment bien mentionner d’autres facteurs pour expliquer le bondissement des prix, comme les politiques concernant les agrocarburants, par exemple. L’o