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TRIBUNE

L’Europe est un combat

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par Bernard Cazeneuve, Ministre délégué aux Affaires européennes
publié le 22 août 2012 à 19h06

Le mal qui affecte l’Europe nous renvoie à chaque instant à la prédiction de Jean Monnet, qui pensait que l’Europe se ferait dans les crises et qu’elle serait la somme des solutions qu’on apporterait à ces crises. Les convulsions qui l’ont mise à l’épreuve ont aussi contribué à faire son unité.

Dans cette tension propre à notre continent, une nouvelle rupture s’est opérée, dont la portée est tragiquement systémique. Une crise bancaire profonde, induite notamment par les errements de la spéculation démente, a obligé les Etats à s’endetter sur les marchés. Le sauvetage des banques qu’exigeaient la protection des épargnants et la préservation d’économies fragilisées a été réalisé au prix d’une nouvelle dégradation des comptes publics. La hausse parfois irrationnelle des taux d’intérêt a obéré, dans les pays les plus exposés, les chances d’une reprise à court terme de la croissance, en alourdissant la charge des dettes souveraines. L’Union européenne, face à ces désordres économiques et monétaires, est trop souvent intervenue à contretemps, aggravant les tendances récessives par des mesures fondées uniquement sur l’austérité. Dans cette impuissance à surmonter la crise, l’Europe s’est affaiblie et ses peuples ont commencé à divorcer d’elle, de son ambition, de son projet. Une forme d’euro-hostilité est née peu à peu, qui a ajouté de la crise politique et démocratique aux difficultés économiques et monétaires.

C’est dans ce contexte très dégradé où la France, elle aussi, s’est affa