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interview

«Le gouvernement devrait assouplir les règles du marché du travail»

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La crise et ses dégâtsdossier
L'économiste Nicolas Véron, très pessimiste sur les perspectives de la croissance française, plaide pour des réformes structurelles.
publié le 22 août 2012 à 17h36

Nicolas Véron (photo DR), économiste et fondateur du centre de recherche économique européen indépendant Bruegel, ne croit pas au relèvement de la croissance à l’horizon 2013. Libéral, il défend des réformes structurelles à l’échelle française et une refonte fédérale des structures européennes pour lutter récupérer la confiance des marchés.

Dans le contexte européen, la faillite de la Grèce, les récessions en Espagne et en Italie et la quasi-stagnation annoncée en France, y a-t-il une chance que la croissance revienne ?

La crise européenne reste dure, l’environnement mondial n’est pas porteur, les éléments d’un «choc de croissance» ne sont pas réunis. Je reste pessimiste sur la perspective de croissance française de 1,3% espéré par le gouvernement.

Une croissance faible, autour de 0,5% en 2013, peut-elle empêcher le gouvernement d’atteindre son objectif de réduction budgétaire de 3%?

J’espère qu’il ne s’en servira pas comme excuse. Il y a une nécessité impérative de la France de maintenir la confiance des investisseurs pour conserver des taux d’emprunts à 10 ans entre 2% et 2,5%. Il faut absolument éviter la situation de l’Espagne et de l’Italie, qui empruntent à des taux d’intérêt entre 6% et 10%. Les propos contraignants de Bruxelles concernant la protection des finances publiques sont une sorte d’écho aux motivations des investisseurs.

Que pourrait faire le gouvernement français pour inverser la tendance en faveur de la croissance, d’après vous ?

Une politique de la demande agressive, d’inspiration keynésienne, ne me paraît pas possible dans ce contexte de crise. Elle conduirait à la perte de confiance des investisseurs dans le gouvernement et sa maîtrise du budget. Jusqu’en 2009, la politique grecque était celle de la demande, on a vu ce que ça a donné... Multiplier les mesures autour du pouvoir d’achat ne serait pas non plus la solution, car l’objectif de la croissance reste de créer le plus d’empl