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Libération

«Du champagne pour les chefs»

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En 2010, un courrier anonyme témoigne du climat paranoïaque de l’entreprise.
publié le 23 août 2012 à 21h36

Six mois avant la lettre anonyme mettant le feu aux poudres de l'espionnite chinoise, une précédente dénonciation, caractéristique du climat paranoïaque au sein de Renault, atterrissait en janvier 2010 sur le bureau de son numéro 2, Patrick Pélata. Envoyée par un ingénieur du Technocentre de Guyancourt (Yvelines), priant de «l'excuser de son anonymat», elle mettait en cause des fournisseurs bénéficiant de la complaisance de décideurs du constructeur automobile : «Le travail est toujours mal fait, le logiciel rencontre souvent des problèmes. On ne dit rien, car il y a des petits fours tous les mois. Pendant la période des fêtes, sur les parkings, il y a distribution de cartons de champagne pour les petits chefs. Pour les grands chefs, la distribution se fait discrètement à côté des restaurants. Ces fournisseurs ont leur chiffre d'affaires gonflé.»

Chou blanc. La hiérarchie de Renault prend la dénonciation très au sérieux et met ses barbouzes de la DPG (direction de la protection du groupe) sur le coup. Le délateur leur a donné une piste, Knowledge Inside (KI), une boîte fondée en 2006 par un ancien normalien de Renault, Samuel Boutin, dont certains associés travailleraient toujours pour le constructeur. Conflit d'intérêts, diagnostique aussitôt Rémi Pagnie, ancien militaire à la tête de la DPG : «Cette société a été créée par des ingénieurs de Renault dont certains se trouvaient en position d'employés et de fournisseurs.» Ils en ont