Emprunter en francs suisses quand on est payé en euros, c’est aberrant. Dans le monde économique, tout le monde le sait, des multinationales, qui exportent leurs marchandises, aux banques, qui leur offrent des produits financiers pour se couvrir. Et l’expérience le prouve : un événement géopolitique peut modifier le cours de n’importe quelle monnaie. Pourtant, au milieu des années 2000, les banques ont rivalisé d’idées tordues pour offrir à des clients des prêts complexes liés au franc suisse, qui avaient l’avantage de proposer des taux d’intérêt moins importants que les prêts classiques en euros. Peu au fait des subtilités de la finance, des milliers de particuliers et d’élus de collectivités locales ont plongé. Mais, depuis que la zone euro est en crise, le cours de la devise helvétique a explosé : elle est au plus haut depuis un an, 1 euro s’échangeant contre 1,2 franc suisse. Les emprunteurs réalisent un peu tard qu’ils se sont fait piéger et multiplient les plaintes : 200 clients ont saisi les tribunaux à l’heure actuelle. Le monde bancaire, lui, garde le silence sur ses dérives et se garde bien de la moindre autocritique.
«Pigeons». Les premiers touchés ont été les élus. A partir de 2005, Dexia et la Caisse d'épargne, spécialistes du marché des collectivités locales, ont fait jouer leur imagination pour proposer des produits dits structurés, axés sur le différentiel de change entre l'euro et le franc suisse. Dénommés Swissy ou Helvetix, ces produits éta