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Libération
TRIBUNE

Quelle Europe démocratique ? Réponse à Jürgen Habermas

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publié le 3 septembre 2012 à 15h57

Jürgen Habermas vient de s’exprimer haut et fort à propos de la situation européenne et des décisions qu’elle requiert: après la Constitution de l’Europe traduit en mai, «le Monde» a publié la semaine dernière un point de vue du philosophe allemand sous le titre «Plus que jamais, l’Europe» (2). Pour l’essentiel, la thèse de Habermas est que la crise de l’euro n’a rien à voir avec les «fautes» des Etats dépensiers que peineraient à rattraper les Etats «économes» (en allemand, Schuld veut dire à la fois faute et dette...), mais tout avec l’incapacité d’Etats mis en concurrence par les spéculateurs à neutraliser le jeu des marchés, et à peser en faveur d’une régulation mondiale de la finance. C’est pourquoi il n’y aura pas de sortie de crise si l’Europe ne se décide pas à «franchir le pas» vers l’intégration politique qui lui permettrait à la fois de défendre sa monnaie, et d’engager les politiques sociales et de réduction des inégalités en son sein qui justifient son existence. Le lieu naturel de cette transformation est le «noyau européen» (Kemeuropa), c’est-à-dire l’eurozone augmentée des Etats qui devraient y adhérer (en particulier la Pologne). Mais sa condition sine qua non est une démocratisation «réelle» des institutions communautaires: par quoi Jürgen Habermas entend essentiellement la formation d’une représentation parlementaire des populations enfin effective (selon un système à deux degrés, qu’il distingue du «fédéralisme» à l’allemande), dotée de pouvoirs de contrô