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portrait

Nadine Hourmant. Voler dans les plumes.

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Employée chez Doux depuis vingt-deux ans, la déléguée FO du volailler résiste au dépeçage et à la reprise du groupe finistérien.
publié le 4 septembre 2012 à 19h07

Comité central extraordinaire du groupe volailler Doux, le 23 août à Châteaulin, Finistère. Ordre du jour : le plan de sauvegarde de l’emploi pour les salariés menacés de licenciement, 1 000 à 1 200 personnes au bas mot. Délégués CGT et CFDT sortent du grand bâtiment de verre pour s’adresser à la presse. Nadine Hourmant, chevelure abondante rejetée en arrière et fines chaussures à talon, le regard brillant de colère et le visage fermé, s’éloigne sans dire un mot. D’habitude si prolixe, celle qui est apparue comme la pasionaria naturelle du combat syndical contre la chute programmée du géant de la volaille, a choisi ce jour-là le silence.

«Je n'ai pas voulu m'exprimer car j'étais écœurée», dit-elle le lendemain, assise à la table de sa cuisine, dans un pavillon bâti au milieu des champs, à quelques kilomètres de Pleyben et de son célèbre calvaire. Ecœurée par les miettes qui seront accordées aux futurs licenciés. Ecœurée par ce qu'elle ressent comme un manque de combativité des autres syndicats. «Il faut que Doux licencie dignement», martèle-t-elle entre deux sonneries de téléphone, retrouvant ses accents de syndicaliste. Au bout de la table, ses deux jumelles de 13 ans avalent un bol de céréales tandis que son mari, Jean-Claude, artisan plombier, la couve du regard.

Nadine Hourmant, comme tant d'autres Finistériennes, a été embauchée par l'entreprise familiale de Charles Doux, voilà vingt-deux ans. Elle n'a alors que 18 ans, un BEP «action marchande» en poche