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Interview

«L’inflation est un risque imaginaire»

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Jean-Paul Fitoussi est directeur de recherche à l’OFCE et membre du centre de recherche Capital et société de l’université Columbia de New York :
publié le 5 septembre 2012 à 21h46

Pour Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) est marquée par un changement de cap évident. A condition que Mario Draghi officialise dès aujourd’hui son nouveau plan de rachats d’obligations publiques sur le marché secondaire.

Sous le mandat de Draghi, peut-on dire que la BCE est en train de changer ?

Bien sûr, même si la crise financière avait déjà produit une évolution sous le mandat de Jean-Claude Trichet. La BCE avait alors fait du quantitative easing [injection d'argent, ndlr],allant même jusqu'à accepter de prendre en pension des titres pas vraiment recommandables. Aujourd'hui, il y a un changement de plus.

La BCE va-t-elle plus loin parce qu’elle perçoit que ce qui est en jeu, c’est l’euro lui-même ?

Oui, et là, la BCE est évidemment responsable de l’euro. Elle est donc appelée à agir par tous les moyens à sa disposition pour sauver la monnaie unique et pour continuer sa mission. C’est-à-dire conduire la politique monétaire de la zone euro. Et c’est là que Mario Draghi dit quelque chose de très intelligent, qui va lui permettre d’agir dans le cadre même de la mission de la BCE. Il explique que les circonstances économiques et financières sont telles que les mécanismes de transmission des politiques monétaires sont empêchés. En clair, lorsque l’activité souffre, la BCE diminue ses taux d’intérêt. Mais en Europe, cette baisse, menée à de nombreuses reprises par la BCE, ne se répercute pas dans nombre de pays, qui sont soumis à une spéculation non fondée.

Comme l’Espagne et l’Italie…

Il y a un an, les taux directeurs de la BCE étaient de