«Super Mario», «Dottore Draghi» ou encore «Signor Altrove» (Monsieur ailleurs)… Les surnoms, le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, les collectionne depuis des décennies. Mais en ce mois de janvier 2012, Klaus Schwab, patron du Forum économique de Davos, n'utilise aucun de ceux-là pour présenter le tout nouveau président de la BCE : «Ce n'est pas l'année du dragon, glisse-t-il, mais l'année Draghi.» Dans son traditionnel complet sombre, l'Italien qui a succédé à Jean-Claude Trichet depuis le 1er novembre 2011 reste impassible. Sourire dans la salle… Draghi ne laisse rien transparaître, seule compte son intervention, forcément technique, pleine de phrases comme seuls des banquiers centraux peuvent les formuler. Qu'importe. Ce Romain de 65 ans, jugé progressiste par ses compatriotes, est aux antipodes d'une Italie berlusconienne séduite par sa rigueur. Et il en joue. Il est vrai que la BCE, au lieu d'être confiée à un conservateur rhénan, est désormais, et jusqu'en 2019, aux mains de cet ancien gouverneur de la Banque d'Italie.
Mario Draghi s’est formé à l’économie auprès des plus grands. A Rome, puis au MIT, à Boston, auprès des Nobel Franco Modigliani et Robert Solow, où il s’immerge dans la pensée postkeynésienne ; le fonctionnement du marché tempéré par le rôle de l’Etat. A la tête du Trésor italien pendant dix ans, il va œuvrer à qualifier son pays pour la monnaie unique. Coupes dans les dépenses pu