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Libération
EDITORIAL

Servitude

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publié le 12 septembre 2012 à 22h26

Apple entretient le désir. A l’image de sa pomme croquée. A l’image aussi de sa capitalisation boursière la première des Etats-Unis et du monde. Et les ventes d’iPhone donneront quelques miettes de croissance à l’Amérique d’Obama qui en a bien besoin. Même sans Steve Jobs, l’entreprise sait entretenir le mythe et fait glisser les cartes de crédit.

Mais derrière l’imaginaire et les légendes, la multinationale de Cupertino est tout autant un monstre froid que furent en leur temps de gloire General Motors ou IBM. Apple entend dominer le monde numérique et est entré en guerre contre Google, autre géant des rivages du Pacifique qui joue lui aussi sur le trio sympathie, innovation et créativité, et son vrai rival dans le monde des geeks et des branchés.

Dans cette lutte sans merci, ni les ouvriers ni les consommateurs n'ont grand-chose à gagner. Apple continue de faire fabriquer ses objets du désir dans des sweatshops chinoises très loin de l'ambiance campus et tisanes «celestial seasonings» de ses cantines californiennes.

Le consommateur paie très cher l'orgueilleuse beauté de ses produits tout comme la douceur de ses écrans et l'humanité de ses logiciels. Apple a savamment verrouillé la musique tout comme la presse, qui se doivent de passer par l'étroit portail de ses «stores» pour le plus grand profit de la marque. La force de feu Steve Jobs a été de faire de ses produits les appâts d'une servitude volontaire. Comme le dit La Boétie, «soyez résolus de ne serv