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Libération
Reportage

A Florange, la rage des laminés

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Sentant la fin proche, méprisés par leur direction, les salariés de Mittal disent ne plus rien avoir à perdre.
Un salarié d'ArcelorMittal Florange, lors d'une manifestation à Paris, le 15 mars 2012. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 13 septembre 2012 à 20h57

Ils sont «à bout». Et leur usine aussi. Depuis lundi, les salariés du site ArcelorMittal de Florange en sont convaincus : les hauts fourneaux devraient fermer dans les semaines à venir. Alors, depuis le début de la semaine, ils campent dans les bureaux, finalement libérés hier soir, avant de promettre de nouvelles actions. «On empêche la direction de coucher sur le papier notre avenir très sombre», lance Edouard Martin, représentant CFDT au comité de groupe européen.

A chaque jour son «action coup-de-poing» : après avoir empêché, mardi, la sortie des bobines d'acier destinées à l'industrie automobile, l'intersyndicale a bloqué, hier, l'accès à toute la partie administrative du site pour inviter les salariés à les rejoindre. Ils écoutent, comprennent… et repartent. «Les jeunes ont déjà quitté le navire, les plus vieux espèrent une retraite anticipée et, entre les deux, les quadras sans diplôme avec des crédits sont très inquiets. Ils peinent à réaliser et préfèrent fermer les yeux», avance Walter Broccoli, responsable FO, pour justifier la passivité de ses collègues.

«Gâchis». L'arrêt «provisoire» des deux hauts fourneaux dure depuis quatorze mois, forçant 1 000 salariés au chômage partiel. Céline, 28 ans, mère de trois enfants, raconte une «vie mise entre parenthèses depuis plus d'un an». Elle n'est pas partie en vacances, de peur de trouver à son retour une lettre de licenciement, et de ne pas être là pour