«Près d'un médicament sur deux est bon à jeter», en tout cas franchement «inutile» quand il n'est pas ouvertement «dangereux». Diantre… Nous voilà face à un scandale sanitaire d'Etat qui se double, en plus, d'un gouffre financier, un gâchis de «10 à 15 milliards d'euros» pour la Sécu.
Tel est le message choc, lancé hier, jour de la publication des comptes de la Sécu, par deux médecins à la retraite, Philippe Even et Bernard Debré, à l'occasion de la sortie de leur livre le Guide des médicaments (1). Message très largement relayé par des médias qui, quelques semaines auparavant, vantaient les mérites de nouveaux traitements contre la maladie d'Alzheimer, pourtant totalement inutiles. «C'est bien le problème avec les médicaments en France. On dit tout et son contraire, et surtout on est dans l'exagération et le scandale», nous expliquait récemment le professeur Dominique Maraninchi, responsable de la nouvelle Agence nationale de sécurité des médicaments qui s'est lancée dans un vaste audit sur l'utilité thérapeutique des médicaments les plus prescrits en France.
«Ce livre ne sert à rien, réagit, effondré, un grand pharmacologue français. Mélanger la question des sirops contre la toux qui n'ont aucun intérêt, mais ne font aucun mal, avec certains nouveaux anti-inflammatoires qui, eux, ont été imposés par l'industrie pharmaceutique, c'est dramatique.»
Nul ne doute, en effet, qu’il y a des médicaments inutiles,