L
a concurrence fiscale est un problème qui dépasse le seul Bernard Arnault. La déréglementation financière, la levée du contrôle des capitaux et des changes, l’intégration économique régionale, le secret bancaire… tous ces éléments ont permis à certains revenus d’échapper en partie à la taxation. La possibilité pour un Etat souverain d’avoir une faible imposition et d’attirer une partie de la base fiscale d’autres pays a des conséquences sur la capacité de ces derniers à mener une politique fiscale indépendante. La crainte - pour certains, le souhait - est que cette concurrence devienne une course vers la taxation et la dépense publique minimales. Pour certains, les libéraux donc, la concurrence fiscale est bienvenue car elle pousse les Etats à plus d’efficacité. Il faut comprendre par là que le niveau et la structure des dépenses publiques correspondraient aux souhaits des agents capables d’échapper à la taxation nationale, c’est-à-dire le capital et les hauts revenus.
Pour les autres en revanche, la concurrence fiscale réintroduit la pression du marché dans la détermination d’une action publique précisément conçue pour échapper à cette pression ; elle est donc source d’inefficacité. Depuis les années 80, on observe dans les pays développés une baisse parfois substantielle des taux d’imposition sur les sociétés, sur les revenus du capital et sur les hauts revenus.
On lit parfois que ces baisses ne seraient pas principalement le résultat de la concurrence fiscale entre les Eta