Menu
Libération
Interview

Christian Saint-Etienne : «Le gouvernement appuie sur le frein alors qu’il dit soutenir l’économie»

Article réservé aux abonnés
Christian Saint-Etienne, professeur au conservatoire national des Arts et métiers :
publié le 24 septembre 2012 à 22h26

Pour Christian Saint-Etienne, professeur d’économie au Conservatoire national des arts et métiers, le projet de budget pour 2013 risque d’alimenter la spirale récessive.

La politique budgétaire du gouvernement vous semble-t-elle adaptée à la situation ?

Le gouvernement fait du matraquage fiscal. Pour l’instant, il a choisi l’austérité. Certes, la hausse des impôts sur les revenus ne concernera que les ménages les plus aisés. Mais faut-il rappeler que la propension à consommer de ces ménages frôle en moyenne les 75% de leur revenu disponible, contre 90% pour les ménages les plus modestes ? Au bout du compte, il y aura une baisse globale du pouvoir d’achat.

Avec quel effet ?

Une diminution de la demande finale des ménages au sens le plus large. Or, cette perspective de réduction de la demande ne manquera pas d’entraîner une baisse des investissements des entreprises. Si nous nous contentons de cette seule politique budgétaire telle qu’elle apparaît dans le projet de budget 2013, alors nous pouvons être certains que nous assisterons à une baisse de la demande finale et donc à une contraction de l’activité. Aujourd’hui, les prévisions les plus optimistes calent la croissance à plus ou moins 0,8% en 2013. Si les enchaînements que j’évoque se réalisent, cette croissance sera divisée par deux. Au bout du compte, le gouvernement aura appuyé sur la pédale de frein, alors qu’il se dit à la recherche d’un soutien à l’économie…

N’est-ce pas là une vision un peu trop mécanique de l’économie ?

C’est une analyse qui s’appuie sur des éléments relativement tangibles : d’un côté l’état dans lequel est notre économie, de l’autre la politique budgétaire telle q