«Pour que ça fonctionne bien entre un ministre de l'Economie et le titulaire du Budget, il faut que le premier soit totalement ministre et que le second soit totalement ministre délégué.» Quand on lui parle de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici ne cache plus son agacement. Pour cet ancien proche de Dominique Strauss-Kahn, devenu poids lourd du Parti socialiste à la faveur de l'exil puis de l'implosion de son aîné, le penchant franc-tireur de son ministre du Budget est insoutenable. Au point que leur mésentente transpire bien au-delà du petit cercle du pouvoir.
Pour Pierre Moscovici , la règle est claire : à son collègue le mauvais rôle, les échauffourées avec les ministres dépensiers et les contorsions pas toujours avouables pour tenir le budget dans les clous de Bruxelles. A lui la stratégie, la câlinothérapie et la visibilité médiatique. Que, sous l'urgence de la crise, les rôles viennent à s'inverser, ce sont alors tous ses plans qui se fissurent. «Ce n'est pas facile pour Mosco, car Cahuzac a carte blanche pour obtenir du résultat», confie un proche de Matignon. Avec à la clé de prévisibles dysfonctionnements dans la communication du paquebot Bercy… Un effet collatéral que depuis trente ans, sous la gauche comme sous la droite, Matignon tente de minimiser en soignant le casting. «Un des deux est là pour politiser le ticket», explique un ancien de l'Elysée. La primeur souvent revient au ministre de l'Economie, quand le Budget se contente