Laguiole n'a plus de nom. La semaine dernière, la célèbre commune aveyronnaise s'est symboliquement débaptisée en démontant le panneau à l'entrée du village. Une opération menée dans la bonne humeur et devant les caméras des télévisions présentes au grand complet, afin de dénoncer un jugement qui l'empêche de se réapproprier son nom et permet à un entrepreneur du Val-de-Marne de s'en servir pour vendre des couteaux ou des barbecues fabriqués… en Chine. «Si notre nom ne nous appartient plus, s'insurge le maire, Vincent Alazard, à quoi peut-il bien servir ?» L'élu a convié pour l'occasion Michel Bras, cuisinier trois étoiles et porte-étendard de la prospère économie locale, qui a fait du nom «Laguiole» un synonyme de gastronomie et d'agrotourisme de qualité. «Si Laguiole existe et qu'on y vient du monde entier, c'est grâce au travail d'un peuple qui a cru en son territoire et lui a rendu son dynamisme, explique-t-il à Libération. Alors, quand on voit la justice de la République avaliser un tel kidnapping de votre notoriété… Les bras vous en tombent.»Thierry Moysset, patron de la Forge de Laguiole et principal employeur de ce village de 1 300 âmes, renchérit : «Imaginez que vous ne puissiez pas utiliser la marque "Libération" pour vendre des agendas ou une tablette, c'est exactement ce qui nous arrive.»
«Vampire». Ce cauchemar de la mondialisation a déjà une longue histoire, qui prend forme en 1993. Cette année-là, un