La sidérurgie ne peut se résoudre à une équation économique. Si c’était le cas, celle-ci serait simple : la production européenne est en surcapacité, et il reste en France sept hauts fourneaux. Trois à Dunkerque, deux à Fos-sur-Mer et deux à Florange. Les deux premiers sites ont été créés «sur l’eau», dans les années 60, pour utiliser le minerai et le charbon importés. Le troisième, Florange, est le dernier fleuron de la sidérurgie en Lorraine, où l’extraction de la «minette» a cessé en 1997 et celle du charbon en 2004. Mais la fermeture de Florange, bastion symbolique de l’histoire de la sidérurgie en France, n’est pas seulement le dernier avatar de la mondialisation de l’économie. Au-delà des 150 000 emplois perdus en un demi-siècle de restructuration douloureuse, c’est toute l’histoire politique et sociale du pays que cette industrie a marqué de son empreinte.
Les maîtres de la sidérurgie ont longtemps incarné la puissance patronale face à la classe ouvrière. Avant même qu’existe un Conseil national du patronat français (CNPF, devenu le Medef), les industriels du secteur s’étaient regroupés dans le célèbre Comité des forges, ancêtre de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). Un lobby influent, fidèle soutien des politiques de droite, mais aussi, après la guerre, de la construction européenne. La première institution européenne fut la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca), née en 1951 du Traité de Paris.
Jets de boulons. C