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Libération
Interview

«Un Etat stratège doit savoir anticiper»

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Pour l’économiste El Mouhoub Mouhoud, le site de Florange est victime d’une crise globale mal repérée :
publié le 27 septembre 2012 à 22h26

Selon El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université de Paris-Dauphine, le gouvernement Ayrault doit élaborer les outils permettant d’anticiper les chocs.

Le gouvernement «exige» du groupe ArcelorMittal qu’il accepte une reprise. Qu’en pensez-vous ?

C'était dans le programme de Hollande. On sait que des entreprises mettent en place, lorsqu'elles décident de fermer un site de production, des stratégies de blocage. Le candidat Hollande appelait ces stratégies des «restructurations sauvages». Une prochaine loi pourrait donc permettre aux tribunaux de commerce d'obliger un groupe coté en Bourse et rentable, qui souhaite arrêter la production sur un site, de le céder plutôt que de le fermer en cas de refus d'une offre de reprise.

C’est donc une bonne chose…

Oui, mais ce n’est pas une garantie que tout ira bien. Concrètement, on peut contraindre un groupe industriel à céder un site de production. Pour autant, est-on certain qu’on assure ainsi sa pérennité ? J’en doute. Dans le cas de Florange, on sait que l’atonie de la demande d’acier explique le désengagement d’ArcelorMittal. Il y a donc un problème de demande, ce qui n’est pas une surprise. Le cas de Florange est exemplaire, car il nous oblige à un exercice de prospective complexe.

C’est-à-dire ?

L’acier est un secteur. Et ce secteur n’est qu’une partie d’une filière, laquelle est principalement constituée de l’industrie automobile. Faire de la prospective, c’est être en mesure d’anticiper un choc qui, lorsqu’il se produira, mettra à mal toute une filière. C’est exactement ce qui se passe pour l’acier et pour l’automobile.

Y a-t-il un risque de faire une politique au coup par coup ?

Oui. Mais il est trop tôt