Ce matin-là, à Florange, le brouillard est raccord avec l'ambiance. Les métallos bloquent ce site mosellan d'ArcelorMittal pendant qu'à Paris le CCE extraordinaire se réunit pour sceller leur sort. Les militants ne lâchent pas leur portable, mais rien ne filtre. Le maire de Florange, Philippe Tarillon, a la tête des mauvais jours. «Tu sais, il n'y a plus de surprise à attendre», ose-t-il à peine glisser au médiatique Edouard Martin (CFDT), alors que son téléphone sonne enfin. Les journalistes se taisent. Les ouvriers sont suspendus aux lèvres de leur leader. «La vache», souffle-t-il, avant de raccrocher et, se tournant vers eux : «C'est pire que ce qu'on pouvait imaginer. […] Le bras de fer n'a jamais cessé, mais pour l'instant, le bras ne penche pas de notre côté.»
Les deux hauts fourneaux P3 et P6 ne redémarreront pas, et 629 emplois seront supprimés : 500 pour l'usine «à chaud», 129 dans les «fonctions supports» (les bureaux). «Avec les intérimaires et les sous-traitants, on dépasse le millier d'emplois !» compte Edouard Martin. Du gâchis ? «Non, c'est un meurtre, un meurtre social !», s'emporte-t-il.
«Machiavélique». Les négociations du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) débuteront le 16 octobre. Mais l'usine à froid n'est pas épargnée : Mittal n'investira pas les 150 millions d'euros demandés par Montebourg quelques jours plus tôt. L'avenir s'assombrit notamment pour la filière packaging du site : l'étamage 2