Il me semble utile aujourd'hui de revenir sur les raisons qui conduisaient à s’opposer à un tel montage.
Sur le plan industriel, il aurait fallu y voir clair sur le tour de table du nouvel ensemble et sur le poids respectif de chacun. A cet égard, on rappellera que la stabilité d’EADS repose, depuis 2000, sur un pacte d’actionnaires dont sont parties les Etats français et espagnol ainsi que les groupes DaimlerChrysler et Lagardère. Or ces deux industriels ne font pas mystère de leur intention de céder leur participation quand l’occasion se présentera. Dès lors, n’est-il pas plus sage de stabiliser l’actionnariat d’EADS sur le moyen terme avant de s’engager sur une opération externe d’une telle ampleur ? Dans les conditions présentes, ne risquait-on pas, au contraire, de diluer les actionnaires d’EADS – à commencer par l’Etat, dont la part serait passée de 15 % à 9 % – sans savoir où l’on va, et de faire ainsi éclater le pacte d’actionnaires dans les pires conditions ?
Sur le plan patrimonial, les actions d’EADS détenues par l’Etat valent plus de 3 milliards d’euros. Le contribuable national est donc fondé à se demander comment aurait été déterminée la répartition du capital au sein de l’ensemble fusionné (60 % pour EADS et 40 % pour BAE Systems). Or cette méthodologie reste opaque : en dehors des états-majors, nul ne sait si la valorisation retenue tenait bien compte des spécificités statutaires de la filiale américaine de BAE Systems et du risque – réel – qu’à l’avenir, un mi