Vingt-trois hommes, vingt-trois hommes blancs, vingt-trois hommes blancs en costume-cravate sombre posant pour la photo. Cet aréopage de mâles satisfaits est le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), l’organe qui décide de la politique monétaire de la zone euro.
La photo aurait pu être prise en Arabie Saoudite, tant elle est peu représentative d’un ensemble de 332 millions d’habitants comptant une majorité de femmes et d’importantes minorités ethniques. Le Parlement européen, emmené par l’eurodéputée (Modem) Sylvie Goulard, a eu un haut-le-cœur en constatant cette absence de femmes. S’il n’a pas son mot à dire sur la désignation des patrons des banques centrales nationales, membre de droit du conseil des gouverneurs, le Parlement peut en revanche émettre un avis sur la nomination des six membres du directoire. Il refuse donc d’auditionner le Luxembourgeois Yves Mersch, choisi, en juillet, par les ministres des Finances pour succéder à l’Espagnol José Manuel González-Páramo.
Si les chefs d'Etat et de gouvernement décident de passer outre l'indignation du Parlement, le directoire sera mâle jusqu'en 2018, date du prochain renouvellement… Or, depuis 1998, date de naissance de la BCE, il y a toujours eu une femme au directoire en vertu d'un gentlemen's agreement conclu à ce moment-là, comme l'a reconnu l'Allemagne. «L'institution ne reflète pas la société européenne. Un phénomène de reproduction sociale opaque est à l'œuvre», déplore Sylvi