Les mesures prises pour lutter contre la récession provoquée par la crise financière de 2008 avaient fait penser qu’on assistait au «retour de Keynes». Les politiques économiques des vingt ou trente dernières années avaient en effet tourné le dos à l’inspiration keynésienne pour privilégier des recettes «nouvelles classiques» dont la philosophie se fondait sur l’inefficacité des politiques de stimulation de l’économie. Toutefois, l’ampleur de la crise avait conduit les gouvernants des principaux pays développés à lancer des plans de relance «keynésiens» pour éviter une dépression comparable à celle des années 30.
Mais si retour de Keynes il y eut, celui-ci fut bref puisque l’augmentation des dettes publiques, conséquence directe de la crise, donnait aux néolibéraux l’occasion d’engager une bataille contre la dépense publique et plus généralement la protection sociale en préconisant une cure d’austérité et la mise en place de carcans institutionnels pour encadrer la politique budgétaire. C’est ainsi qu’une vieille recommandation de l’école dite des «choix publics», inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution, qui fut longtemps considérée comme une lubie d’excentriques ultraréactionnaires antikeynésiens, s’est, à peu de chose près, retrouvée promue au rang de «règle d’or» des finances publiques en Europe.
Toute l’Europe ou presque s’est retrouvée à suivre, avec plus ou moins d’enthousiasme suivant les équilibres politiques nationaux, des politiques de réduction des dépe