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Interview

«Il n’y a même pas de jobs au noir»

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La crise et ses dégâtsdossier
Portugal. Les Mendes à Evora
publié le 17 octobre 2012 à 22h43

Chez les Mendes, on a toujours eu l’esprit de famille, mais jamais on n’a été aussi soudés qu’aujourd’hui. Par la force des circonstances. Jusqu’en 2011, Manuel et sa femme vivaient tant bien que mal, en location, dans une maisonnette de la rua da Moeda, dans le centre d’Evora, gros bourg de l’Alentejo. Deux retraités tirant le diable par la queue, dans un Portugal en récession. Lui, un ancien menuisier talentueux (les beaux meubles de la maison portent sa signature) émargeant à 375 euros par mois, victime de deux thromboses et d’un AVC. Elle, couturière pendant quarante-deux ans dans une usine, 190 euros de retraite, et un cancer de la gorge la rendant quasi immobile.

Le regroupement familial forcé commence l'an dernier. Leur fille, Maria Helena, qui tenait un restaurant avec un mari alcoolique et violent, quitte le domicile conjugal et se réfugie sous le toit parental, avec ses deux rejetons : Beatriz, 9 ans, sourde à 80%, et Iuri, 13 ans, un fou de foot, qui souffre de douleurs intestinales : «Je suis sûr que c'est lié aux problèmes de la famille !» rigole-t-il. Sa mère le pense aussi. Elle a le sourire facile et énergique. Sa situation n'a pourtant rien d'enviable : le restaurant a fait faillite, les indemnités chômage appartiennent au passé, elle touche le subsidio social subconsecuente, un revenu minimum d'insertion de 330 euros. «Heureusement qu'on bénéficie de la pension alimentaire de mon ex-mari bon à rien : 25 euros par mois !» dit Maria