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Libération
portrait

Luc Oursel. Atome 2

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Réaliste et volontaire, cet inconnu de 53 ans a succédé à Anne Lauvergeon à la tête d’Areva. Et tranche avec sa devancière.
(Photo Léa Crespi)
publié le 18 octobre 2012 à 19h06

C'est ce qui s'appelle se coincer au fond de la nasse. Et de son plein gré en plus… Goût pour les emmerdes ? Présomption ? Inconscience ? En tout cas, on se maudit d'avoir accepté de faire le portrait de Luc Oursel, patron d'Areva. Pourquoi ? Mais parce qu'Anne Lauvergeon, fondatrice débarquée de l'entreprise nucléaire, préside le conseil de surveillance de Libération. Et qu'on peut bien écrire ce qu'on veut , ce qui est exactement le cas, tout sonnera faux, biaisé, suspect.

On pensait que de l'eau avait coulé sous les ponts. Rien du tout. Lauvergeon n'en revient toujours pas que son numéro 2 ait joué contre elle, en bonne intelligence avec Sarkozy et Proglio. L'an dernier, elle le sabrait ainsi : «C'est un traître de comédie. Il me doit tout.» Surtout, elle lui reproche d'avoir laissé enquêter sur son compte et mettre en cause son mari. Si elle refuse de s'exprimer publiquement, elle n'oublie rien.

Pressé de passer à autre chose, Oursel soupire quand il lui faut évoquer «Atomic Anne». Marchant sur des œufs, il dit : «C'est elle qui m'a fait venir ici. Je lui en suis reconnaissant. Elle a mal accepté de ne pas être renouvelée. Je comprends son attachement à cette maison, mais il faut savoir tourner la page.»

Une scène résume cet affrontement des contraires. On est en juin 2011. Lauvergeon fait son discours d'adieu. Elle trône en majesté dans l'atrium, sorte de serre peu tropicale. Devant mari et enfants, elle entame un plaidoyer pro domo, couvé par un