Ce devait être une grande fête pour l’Europe. L’inauguration, hier à Toulouse, par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de la nouvelle usine Airbus qui assemble l’A350, l’avion en carbone qui doit mettre fin à la suprématie de Boeing sur les long-courriers. Une cérémonie gâchée par la décision de l’Allemagne de geler le versement de sa deuxième tranche d’aide au financement de l’A350, soit 600 millions d’euros. Alors même que les autres pays membres d’Airbus (France, Grande-Bretagne et Espagne) ont versé leur quote-part rubis sur l’ongle.
«Il est essentiel que les engagements soient intégralement tenus», a critiqué Ayrault à la tribune. Un appel fermement rejeté par Berlin dans le quotidien Handelsblatt à paraître ce matin : le gouvernement allemand y affirme, en toute mauvaise foi, qu'Airbus n'aurait pas accordé à l'Allemagne la part de travail (industrie, bureaux d'études), qui aurait dû lui revenir en échange de sa contribution financière à l'A350.
Sauf que les demandes exorbitantes formulées en 2010 par Berlin (qui voulait délocaliser à Hambourg une partie du bureau d'études de Toulouse) n'avaient jamais été accordées par Airbus. Ce nouveau bras de fer s'explique pour l'essentiel par le veto mis par la chancelière, Angela Merkel, au projet de fusion entre EADS (maison mère d'Airbus) et le britannique BAE. «Berlin craignait que ce projet ne réduise son influence. D'où sa tentative, purement défensive, de créer un rapport de force autour de l'A350»