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Libération
EDITORIAL

Escamoté

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publié le 25 octobre 2012 à 23h16

Et voilà tout le pays, en tout cas ses bruyantes élites, qui réclame le choc de compétitivité. Brutal ! Profond ! Le plus douloureux possible ! Comme s'il fallait, après avoir taxé les riches et pour réparer cette injustice, assommer les pauvres en les faisant payer à leur tour. TVA, CSG, diesel, suppression de la durée légale du travail : un feu d'artifice, un envol de ballons d'essai qui, même démentis, installent l'idée que les travailleurs français, en tout cas ceux qui sont épargnés par le chômage, ne sauraient échapper à la solidarité nationale ; qu'ils ont, de toute façon, trop de droits pour que l'économie s'épanouisse. Les idéologues sont de sortie ; les doctes, comme toujours, profondément divisés ; les politiques de droite en transe maximaliste et ceux de gauche en panique avancée. Bref, un débat comme la France les adore. A ceci près que l'enjeu central s'en trouve escamoté puisqu'il s'agit de repenser une partie du modèle social français en inventant, pour le XXIe siècle et le capitalisme qui l'anime, des systèmes de droits et de devoirs qui tiennent compte de la nature des parcours professionnels dans une économie ouverte. Le coût du travail est une donnée du problème, au même titre que les autres paramètres définissant ce que des démocraties avancées appliquèrent sous le nom de «flexisécurité». Ces expériences, avec leurs qualités et leurs défauts, sont assez anciennes pour avoir suscité une imposante littérature, utile à lire en attendant le rappor