Coup de tonnerre l'an dernier dans le ciel gris-bleu de l'estuaire de la Seine : «Un entrepreneur chinois envisage de racheter une partie du port du Havre», annonce en février un quotidien national. Six mois plus tard, un autre grand quotidien confirme : «Un Chinois rachète une partie du port du Havre.» Un hebdomadaire sonne le tocsin quelques jours plus tard : «Le Havre, port chinois ?» Suite à quoi, quelques émissions de télévision se mettent à leur tour à agiter le chiffon jaune. L'affaire gagne peu à peu les cafés du commerce normands et parisiens où l'affaire est désormais entendue : la Chine grignote la France par l'ouest.
Or d'invasion il n'y a pas, il n'y a jamais eu : le port du Havre est toujours 100% français. Que s'est-il passé pour que les imaginations s'enflamment ? A l'origine de l'incendie se trouve un fait avéré : Hsueh Sheng Wang, petit entrepreneur chinois de 47 ans, résident français depuis l'âge de 13 ans, a racheté 40 000 m2 d'entrepôts désaffectés sur le port. Le chantier de réhabilitation vient de s'ouvrir. Ce sont des hangars, pas des quais, et pas en énorme quantité : moins de 3% des 1,6 million de mètres carrés d'entrepôts disponibles au Havre, le long de ses 36 kilomètres de quais. Monsieur Wang n'est ni opérateur de terminaux portuaires, ni armateur ni logisticien : après avoir démarré dans la restauration puis le négoce, il s'est spécialisé dans la gestion immobilière. Cet habile entrepreneur achète ou loue d