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portrait

Marc Ladreit de Lacharrière. Il nous fait… marché

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Propriétaire de Fitch, ce malicieux financier ardéchois défend les agences de notation, montrées du doigt par les politiques.
publié le 28 octobre 2012 à 19h07

C’est une femme dogon, pilant le mil. Elle trône toute de bois vêtue, statue des temps perdus, dans le bureau intersidéral de Marc Ladreit de Lacharrière. L’entretien se termine mais la mise à l’épreuve commence. Négligeant les Hans Hartung et autres tableaux abstraits qui l’apaisent et peuplent les murs de son bureau caréné comme un vaisseau spatial, l’homme d’affaires nous prend par le coude et nous plante devant la dame noire. A charge pour elle de déterminer quel bon vent nous amène ou quelle mauvaise fièvre nous agite. De sourire de contentement ou de grimacer son désagrément selon les intentions qu’elle nous prête. Sera-t-elle bonne fée ou Cassandre ?

Bien sûr, seul Lacharrière, propriétaire de Fitch, l’agence de notation, sait lire dans les veines du bois d’ébène et interpréter à sa guise le face à face entre la stoïque devineresse venue d’un continent abandonné et le journaliste supposé rétif au capitalisme financier. On ne saura trop si la silencieuse pythie s’est laissée prendre à notre bonne figure et a dit la bonne aventure à l’oreille de son seigneur et maître. Malin autant que malicieux, Lacharrière se retranche derrière une ambiguïté bonhomme, tout en raccompagnant à la porte argentée qui verrouille, façon coffre-fort, le siège de sa holding, Fimalac.

La France s'est accoutumée à la silhouette au couteau d'Arnault ou au sourire de pirate de Pinault. Mais, elle a peu entendu parler de Marc Ladreit de Lacharrière. Cet homme de 72 ans est un anachronisme moderniste