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Interview

Henri Emmanuelli : «Les patrons ont la mémoire courte»

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Le député PS Henri Emmanuelli raille le CAC 40 obnubilé par le fait de redistribuer des dividendes :
publié le 29 octobre 2012 à 22h46

Pour Henri Emmanuelli (photo AFP), député (PS) des Landes et président du conseil de surveillance de la Caisse des dépôts, l’appel de l’Afep est

«une attaque politique».

Que vous inspire la protestation des grands patrons ?

Cette adresse me choque profondément sur la forme et sur le fond. La lancer le jour du congrès du PS et dans un contexte déjà délétère sur la compétitivité lui donne une tonalité politique forte. Entre le patronat et la gauche au pouvoir, il y a toujours eu des problèmes. Mais jamais une offensive de cette ampleur, avec dans l’ordre d’apparition le Medef, les «Pigeons» et maintenant l’Afep. Soit les grands patrons n’ont aucun sens politique, soit ils n’en ont que trop. Ce doit être alors compris comme une attaque contre le gouvernement.

Est-il absurde de réclamer une diminution de la dépense publique ?

Les patrons du CAC 40 ont la mémoire un peu courte. Que le gouvernement précédent ait creusé la dette de 600 milliards n’a pas semblé leur poser problème. Même remarque pour le niveau des prélèvements obligatoires qui sous Sarkozy n’a cessé d’augmenter. Ils oublient que ces dernières années, la politique de distribution des dividendes me semble avoir primé sur toute autre considération, y compris de compétitivité.

Les patrons réclament une baisse du coût du travail notamment financée par une hausse de la TVA…

Il n’appartient pas aux patrons de décider de la pertinence ou non d’une hausse de la TVA ou de la CSG. Ils veulent retrouver de la compétitivité par transfert de charges sur les ménages, ce qui équivaut à une dévaluation intérieure. Personnellement, j’y suis opposé. Mieux vaut redistribuer le poids des cotisations au sein même du secteur productif, des entrepr