Gaffe, lapsus, ou réelle conviction ? La sortie, hier dans le Parisien, du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sur le temps de travail - «pourquoi pas [débattre du retour aux 39 heures], il n'y a pas de sujet tabou» - a provoqué une nouvelle pagaille au sein de la majorité. Et pour cause : après dix ans d'offensive de la droite contre les 35 heures, cette confession, de la part du responsable d'un exécutif de gauche, sonne comme une victoire idéologique pour l'opposition. «Si le gouvernement socialiste propose […] d'assouplir largement les 35 heures - c'est en gros le programme de l'UMP - il doit savoir qu'il me trouvera à ses côtés», s'est réjoui Jean-François Copé, avant de déchanter suite au rétropédalage d'Ayrault (lire ci-contre).
La droite peut ricaner - autant que la gauche peut s’en mordre les doigts -, ce débat trahit surtout une réalité : les 35 heures constituent aujourd’hui un état de fait quasi immuable. Preuve en est : dix ans de droite au pouvoir (sur quatorze ans d’application de la loi) n’auront rien changé à la durée légale du travail en France. C’est même Sarkozy qui a parachevé la réforme initiée par Aubry, en alignant la majoration des heures sup dans les PME sur celle des autres entreprises (de 10 à 25%, mesure que la gauche n’avait jamais osé prendre), et en sacralisant pendant son mandat la barre des 35 heures par la défiscalisation de toutes les heures travaillées en plus… Bref, au-delà de son côté punching-ball, l