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Libération

Des 35 heures compétitives au mépris de la rumeur

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Selon les études, la réforme n’a freiné ni la croissance ni le pouvoir d’achat.
publié le 30 octobre 2012 à 22h26

Les 35 heures ont-elles ruiné la France, comme l'affirment ses opposants ? Quatorze ans après leur mise en œuvre, le bilan est loin d'être aussi noir. Sur l'emploi, tout d'abord. D'après l'économiste Philippe Askenazy, «les différentes approches […] semblent converger vers une estimation de 300 000 à 350 000 emplois créés sur le court terme». Notamment l'étude de la Dares (le service statistique du ministère du Travail), qui évoque 350 000 emplois créés sur la période 1998-2002 grâce aux 35 heures. Le taux de chômage, certes aidé par une forte croissance, est ainsi passé de 10,8%, en 1997, à 7,9% en 2002.

Des RTT au prix, cependant, d'une perte de compétitivité pour les entreprises ? Pas sûr. Selon les travaux des chercheurs Crépon, Leclair et Roux (2004), la réduction du temps de travail aurait ainsi conduit «à de faibles pertes de productivité globale des facteurs dans les entreprises passées à 35 heures». Les premières entreprises ayant réduit leur temps de travail ont même vu leur valeur ajoutée croître de 5% de plus que les entreprises restées à 39 heures. L'un dans l'autre, et compte tenu des gains de productivité, des réorganisations opérées et des aides de l'Etat, la réduction du temps de travail aurait été neutre sur la productivité capitalistique.

A défaut d'avoir pesé sur les entreprises, les 35 heures ont-elles grevé le pouvoir d'achat des salariés ? Si de nombreux accords RTT ont bien intégré, à l'époque, une part de modération s