A bientôt 90 ans, Claude Alphandéry continue à crapahuter dans tous les colloques sur l'économie sociale et solidaire (ESS) «parce qu'il se passe des choses formidables partout». L'ancien résistant, aujourd'hui à la tête du Labo de l'ESS, s'implique avec une fraîcheur intacte dans l'élaboration de la future loi sur le sujet.
Qu’est-ce qui relie les acteurs si divers de l’économie sociale et solidaire ?
Des valeurs communes, la volonté de conjuguer développement économique et progrès social. Le marché dominé par le capitalisme financier détruit et précarise l’emploi, creuse les inégalités, dégrade l’environnement. Il y a donc de la place pour un secteur moins productif, mais tout aussi professionnel, qui ne délocalise pas, ne robotise pas, et répond à des besoins non satisfaits dans le logement, la santé, l’aide sociale. Le développement des entreprises de l’ESS est soutenable, il ne détruit pas l’environnement et favorise l’accès de tous à l’emploi. Ce dernier point me paraît essentiel quand on voit le niveau de chômage actuel. Les secteurs classiques, très compétitifs, auront besoin de moins en moins de main-d’œuvre. Que fait-on des plus faibles de notre société ? On les laisse sur le côté ? Quand j’entends le bruit fait par les entrepreneurs «Pigeons» alors qu’il y a tous les jours un plan social, je suis profondément choqué. Il y a des gens plus pigeonnés que les «Pigeons».
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L’ESS a-t-elle vocation à réparer les dérives du capitalisme financier ou porte-t-elle les germes d’un modèle nouveau ?
Jouer un rôle réparateur est capital. Mai