«Virage», «tournant», «révolution copernicienne» pour la gauche : ainsi la presse qualifie-t-elle les mesures sur la compétitivité annoncées mardi par Jean-Marc Ayrault. Et particulièrement la principale d'entre elles : un crédit d'impôt massif de vingt milliards d'euros au bénéfice des entreprises, financé notamment par une hausse de la TVA et une réduction des dépenses publiques.
Pour l'économiste Bernard Maris, membre du conseil général de la Banque de France et auteur d'un désabusé
Plaidoyer (impossible) pour les socialistes
, paru chez Albin Michel, ces annonces ne font que confirmer un mouvement entamé de longue date : l'édulcoration de la doctrine socialiste et sa soumission au «carcan économique».
Après les dernières annonces sur la compétitivité, avez-vous le sentiment que François Hollande se soit renié ?
Pas vraiment. Il avait déjà pris une pente gestionnaire pendant sa campagne, avec son objectif d'une réduction drastique du déficit budgétaire, qui relève d'une analyse comptable de l'économie. De toute façon, les socialistes sont de farouches défenseurs des entrepreneurs depuis Edith Cresson [Premier ministre de François Mitterrand en 1991-1992, ndlr]. Il est faux de dire qu'il y a une haine entre eux. L'actuel gouvernement estime que la compétitivité dépend du coût du travail. C'est une analyse typique de la droite, qui considère le travail, non pas comme un investissement, mais comme une charge. La hausse de la