Menu
Libération

Marri de la politique «gestionnaire»

Article réservé aux abonnés
publié le 9 novembre 2012 à 19h06

Sa maison est en ruine, mais cet homme-là se refuse à l'abandonner. Du passé, il ne fera jamais table rase. On ne quitte pas sa mémoire, ni les mots et les livres qui vous ont construits. L'histoire le «submerge» toujours, «de très loin, avec ses grandes vagues». Dans les pierres éparpillées de sa jeunesse, Bernard Maris entend encore des voix, nombreuses, colorées d'occitan, celles de ses aïeux, celles de ses héros du maquis de Rieumes-Savères et celles de ses mentors de la section socialiste de la SFIO de Muret, en pays gascon. De Maris, on reconnaît toujours la voix sur France Inter prête à pourfendre au petit matin son contradicteur libéral ; on connaît les livres sur ses grands penseurs préférés - Keynes, et surtout Marx - et les manuels, ou plutôt les antimanuels d'économie. Et on se souvient encore des coups de gueule d'Oncle Bernard dans Charlie Hebdo.

Cette fois-ci, Maris fend davantage l'armure et signe un livre personnel, auquel il assigne, comme pour s'en protéger, une mission dont il croit bon de dire à l'avance - dès le titre de l'ouvrage - qu'elle est «impossible», sinon déraisonnable : réhabiliter l'idée du socialisme quand les socialistes eux-mêmes, et l'époque avec, l'ont désertée ou fossoyée… Rassurez-vous, cet homme-là vit en paix avec ses contradictions : économiste dont la plume acérée vilipende le capitalisme dès l'aurore, il est aussi membre du conseil général de la Banque de France. C'est qu'il n'a cessé d'être un i