Salopette noire, tee-shirt moulant et crâne rasé, Nenad Kujovic n'a pas trouvé d'apprentissage dans le privé. Comme il le fait pour des milliers de jeunes chaque année, l'Arbeitsmarktservice (AMS), le Pôle Emploi autrichien, a envoyé cet ado de 17 ans dans un atelier au fonctionnement semblable à celui d'une PME, mais financé par l'Etat, et nommé Jugend am Werk (la Jeunesse au travail). Car, en Autriche, le gouvernement a introduit en 2008 un droit garanti à l'apprentissage. Et s'est donné les moyens de le mettre en œuvre.
Résultat : seulement 9,9% des moins de 25 ans sont sans emploi. De quoi faire rêver la France, l’un des plus mauvais élèves européens avec un taux de chômage chez les jeunes de 22,8%. Le gouvernement s’intéresse donc de très près au modèle autrichien : une délégation venue de Vienne a été reçue hier à ce sujet par le ministre délégué à la Formation professionnelle, Thierry Repentin, et par le cabinet du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
Ponceuse. L'une des clés du succès autrichien, c'est justement les ateliers d'Etat de la Jeunesse au travail. Celui où turbine Nenad Kujovic est installé dans un immense hangar de la banlieue de Vienne, où 350 jeunes s'activent sur des ordinateurs, sous des vieilles Peugeot cabossées, ou courbés devant leurs machines à coudre. Les deux tiers des adolescents passés par ces ateliers décrochent ensuite un emploi d'électricien, de vendeur ou de plombier.
Tous ont plus ou moins le même profil que Nenad,