Terminé l’époque où une trentaine de grosses têtes professaient pour le chef du gouvernement. Ils ne sont plus que quinze cerveaux de la science économique réunis au sein du Conseil d’analyse économique (CAE), cette institution voulue par Lionel Jospin, lorsqu’il entra à Matignon en 1997.
Officiellement, cette cure d'amaigrissement n'a rien d'une chasse aux sorcières. «C'est le souhait du Premier ministre», se contente de préciser la nouvelle présidente du CAE, Agnès Bénassy-Quéré, en remplacement de Christian de Boissieu. Sans doute.
Mais cette composition du CAE version 2012 vise surtout à mettre fin à une polémique. En 2009, l’économiste hétérodoxe Jean Gadrey, ancien professeur à l’université de Lille, s’amuse à compter les multiples casquettes des experts du think tank. Son constat est sans appel : les membres du CAE sont souvent en situation de conflit d’intérêts. Bref, ils sont juge (casquette universitaire) et partie (casquette banque, finance…). Certains travaillent pour des banques ou émargent dans des conseils d’administration. De quoi douter de leur indépendance. Cette polémique intervient alors même que le CAE est critiqué pour ses dérives idéologiques. Keynésien à ses premiers jours, le CAE penchait depuis plusieurs années du côté du libéralisme, estiment ses détracteurs.
Superstars. Pour tenter de tourner la page, le Conseil d'analyse économique «nouveau» et resserré est dorénavant composé de membres tous estampillés «chercheurs», en pro