La mondialisation ne se détricote pas comme une marinière «made in France». Dommage, ce serait plus simple pour les hommes et femmes politiques qui se coltinent une redoutable injonction contradictoire. Sur le front extérieur, ils doivent prendre place dans une économie globale dont les interactions ignorent les frontières, les pays et ceux qui y vivent ; sur le front intérieur, ils se battent pour préserver l’emploi et le tissu industriel.
Parfois, ces deux faces se combinent harmonieusement. A d'autres moments, elles se percutent avec une telle violence que les salariés se retrouvent broyés et les politiques tétanisés par un système qu'ils ont ardemment désiré et laissé prospérer, avant de se rendre compte qu'il les privait de tout pouvoir. Nous y revoilà : rien n'a changé depuis 2006, quand Mittal lançait son OPA hostile, accueillie par un parfum de xénophobie, et que le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, défendait l'idée de «patriotisme économique». Six ans plus tard, les mots sont quasiment les mêmes, les doutes sur l'opération se révèlent rétrospectivement prémonitoires et le gouvernement, désormais de gauche, contraint de nationaliser une entreprise privée dont la politique sociale est inique. Saluons le bras de fer et la volonté de créer un véritable rapport de force. Espérons, très en dehors du fameux «cercle de la raison» où l'on estime que ces choses là ne se font plus depuis les Soviets, 1945 ou 1981, que les résultats seront po