La grogne des députés socialistes contre le «pacte de compétitivité» ne faiblit pas. Hier, le sujet a fait l’objet de pas moins de trois réunions à l’Assemblée, d’une autre au Parti socialiste, puis d’un rendez-vous des chefs de la majorité à Matignon. En fin de matinée, la réunion du groupe socialiste a été tellement virulente que son invité, le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, est reparti sans pouvoir prononcer un mot de son exposé sur l’avenir de l’Europe !
C'est que, toutes obédiences confondues, les députés PS rêvent d'imposer des contreparties au futur «crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi» (Cice). Des objectifs en termes d'innovations et d'investissements, mais aussi d'embauches. Certains voudraient exclure les entreprises versant des dividendes, d'autres les groupes ayant délocalisé ou les banques. «On est élus en mai en clamant "notre ennemi c'est la finance" et six mois plus tard, on ferait des chèques aux banques», s'égosille un député.
Hic. L'autre source de frustration pour les parlementaires de la majorité, c'est l'accélération du calendrier. Pour que le Cice soit adopté avant la fin de l'année, le gouvernement a décidé de le faire passer via un amendement au projet de loi de finances rectificative, examiné à partir de mercredi prochain à l'Assemblée. «Ils accélèrent l'adoption du Cice, on peut accélérer la rédaction des contreparties», prévient le député de Saône-et-Loire Thomas Thévenou