Les uns ne veulent pas relever les impôts, les autres pas réduire les dépenses… L’obstination est sans doute la qualité la mieux partagée à Washington. Problème : elle mène tout droit vers un gouffre qui pourrait saper la reprise, non seulement américaine, mais aussi mondiale.
Reconnaissant eux-mêmes leur incapacité à s'entendre, démocrates et républicains se sont imposé, pour se forcer à négocier un compromis, cette fameuse «falaise fiscale» (fiscal cliff, en VO), à l'issue de leur précédente bataille budgétaire, en 2011. Mais l'exercice devient de plus en plus périlleux à l'approche de la date fatidique du 1er janvier 2013. Car si rien n'est fait d'ici cette deadline, tout un ensemble de relèvements d'impôts et de coupes budgétaires, d'un montant total de plus de 600 milliards de dollars (près de 470 milliards d'euros, soit 4% du PIB américain) entreront automatiquement en vigueur. Ce serait une excellente chose pour le déficit public, de 1 100 milliards de dollars cette année, qui se verrait d'un coup réduit de près de moitié. Mais une catastrophe pour la croissance américaine et sans doute mondiale. L'économie des Etats-Unis plongerait aussitôt en récession, avec une contraction de 1,3% sur la première moitié de 2013, puis un rebond qui permettrait une croissance moyenne de 0,5% sur l'ensemble de l'année, a calculé le bureau de prévision du Congrès. Le taux de chômage américain remonterait à plus de 9%, contre 7,9% aujourd'hui.
«Otage».