Une grande table ovale pour les hôtes de marque, plusieurs rangées de chaises de part et d’autre, du café et des bagels : à 10 heures tapantes, chaque mercredi matin, c’est bien chez Grover Norquist que les lobbyistes, analystes et conseillers conservateurs les plus influents de Washington continuent de se retrouver.
Depuis 1993, chaque mercredi, le champion du «moins d'impôts» et «moins d'Etat», personnage clé de la négociation en cours sur la «falaise fiscale», réunit tout le gratin de l'establishment républicain, pour discuter et coordonner les campagnes des uns et des autres. En cette fin novembre, on y croise aussi bien un représentant de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes à feu, que des staffers du Congrès, venus s'extraire deux heures de la négociation en cours pour prendre le pouls du mouvement conservateur. Libération a pu assister à l'un de ces rendez-vous du mercredi, à condition d'en respecter la règle principale : ne rien citer des interventions, qui restent toutes «off the record», pour permettre des échanges souvent très vifs.
Impasse. «C'en est fini de Grover » ; «il perd de son influence», entend-on beaucoup répéter à Washington ces dernières semaines. Le fondateur et président d'Americans for Tax Reform (ATR) qui, depuis les années Reagan, a réussi à faire de la résistance à l'impôt un point nodal de la doctrine conservatrice, est aujourd'hui sur la défensive.