Le silence avant la colère. Jean-Marc Ayrault parle. La petite salle de la CFDT retient son souffle. Caméras, micros, scrutent la réaction d'Edouard Martin, le leader de la centrale. Il ne dira qu'un seul mot : «Traître». Au moment où le Premier ministre parle de «saluer la détermination des salariés» et assure que «le gouvernement sera toujours» à leurs côtés. Puis, silence radio. La centrale semble sonnée. «On ne réagit pas à chaud, faut qu'on se parle», lâche un militant. Au même moment, la CGT dégaine. Lionel Burriello, 35 ans, flingue «l'enfumage», le «plan baise de dernière minute», le «baiser qui tue». Il dit : «La seule solution possible, c'était la nationalisation. Le gouvernement a préféré faire confiance à un homme, Mittal, qui n'a jamais tenu parole.» Les yeux rougis, la gorge nouée, le leader du collectif jeune a dû mal à cacher son amertume : «C'est toujours les mêmes qui gagnent et la classe ouvrière qui se fait presser le citron.» 21 h 45, Martin débarque. «On a le sentiment d'avoir été trahi. Il n'y a pas de pilote dans l'avion gouvernemental.» Epuisé, il formule des exigences de suivi, d'encadrement des promesses. «On n'a pas reculé, la fermeture des hauts fourneaux n'est pas actée.»
Loin des cars-régies des télés, Jean-François Marchal, de la CGT, résume l'affaire : «Si on ferme les deux derniers hauts fourneaux, il n'y aura plus de sidérurgie en Lorraine.