Auteure de l'Atlas de Séoul (1), la géographe Valérie Gelézeau dirige le centre Corée de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle explique les particularités du projet mené à Sangdo.
On parle de cités intelligentes, connectées, d’ubiquité, de villes globales… Ces concepts sont-ils reconnus par les géographes ?
Ce vocabulaire très varié relève du lexique du marketing et non de concepts analytiques. Certains termes, comme ubiquitous city, sont d'ailleurs difficiles à traduire en français. La notion de «ville globale» (global city), développée par la sociologue américaine Saskia Sassen dans son analyse de la mondialisation, désigne des métropoles comme New York, Londres ou Tokyo, maîtrisant des fonctions stratégiques à l'échelle mondiale et organisant divers flux - économiques, d'informations ou migratoires.
Songdo est loin de remplir ces fonctions. En ce sens, même Séoul n’est pas «globale» : il lui manque pour cela la maîtrise de certains flux financiers.
Comment interprétez-vous ce projet du point de vue coréen ?
Songdo s’inscrit dans le cadre d’une politique de développement de la région capitale et de la zone franche d’Incheon. L’idée est de faire de Séoul et de sa périphérie une plaque tournante des échanges à l’échelle de l’Asie du Nord-Est. Le gouvernement coréen tente de redistribuer vers Incheon certaines des fonctions globales de Séoul (finance, recherche, transports). Ce mouvement est également lié au tournant de 1998, lorsque la Corée du Sud s’est ouverte aux investissements étrangers.
Qu’est-ce qui fait la spécificité de Songdo ?
Il y a déjà eu des développements de villes nouvelles et de zones franches en Corée du Sud. Par ailleurs, Songdo n'est pas l