Au petit matin, le soleil blafard peine à déchirer le ruban de brume glaciale qui recouvre la campagne alsacienne. Il fait 2°C et cela fait déjà quatre heures que Stéphane ramasse les poubelles du village de Manspach. En vérité, rien ne ressemble plus à un ramassage de poubelles qu’un autre ramassage de poubelles : le camion-benne roule au pas et, tel un PacMan affamé, engloutit à la chaîne les bacs d’ordures ménagères d’un lotissement encore assoupi. Sauf qu’ici, la collecte a un petit truc en plus.

Puce. Depuis 1999, les 33 communes de la communauté de communes des Portes d'Alsace pratiquent la pesée embarquée, c'est-à-dire la pesée des bacs au moment où leur contenu est déversé dans la benne. Cela permet de facturer les habitants en fonction de la quantité de déchets qu'ils produisent, et de les inciter à trier leurs poubelles au maximum. Pour cela, les 14 000 bacs verts du coin sont équipés d'un code-barres et d'une puce. A l'arrière du camion, un dispositif pèse chaque bac à la charge et à la décharge, puis calcule le différentiel. Depuis son marchepied, le ripper vérifie le poids qui s'affiche sur l'écran à cristaux liquides : «Cela varie d'une maison à l'autre, celle-là fait 7,5 kg et celle d'avant 20 kg.» Avec ce système, les tournées sont «plus rapides», assure-t-il. «Comme la pesée est facturée, les gens ne sortent leurs poubelles que quand elles sont pleines. Et ils sont invités à mieux les trier pour les alléger»,