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Libération

L’Etat n’est ni omnipotentni omniscient

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publié le 3 décembre 2012 à 21h26

«Je reconnais volontiers que, si j'avais eu connaissance de la réalité de l'entreprise, nous aurions été plus nuancés.» Cette étonnante confession d'Arnaud Montebourg, dans les Echos de jeudi dernier, ne s'applique pas à Florange, mais à Peugeot. Cette phrase est à méditer. On se souvient du choc provoqué par Lionel Jospin lorsque, en 1999, il avait déclaré devant des salariés de Michelin victimes d'une vague de licenciements : «L'Etat ne peut pas tout.» Saluons la nouvelle étape franchie : non seulement l'Etat n'est pas omnipotent, mais il n'est pas omniscient.

Est-ce la même prise de conscience, au niveau du Premier ministre cette fois, qui a conduit le gouvernement à renoncer à la nationalisation, même temporaire, du site de Florange ? Car la prise de contrôle d’une entreprise par l’Etat nécessite que celui-ci joue son rôle d’actionnaire, et exerce ses responsabilités. Une telle stratégie n’est pas par nature vouée à l’échec. Ainsi aux Etats-Unis, où l’injection massive d’argent public dans General Motors ou Chrysler décidée par George W. Bush et mise en œuvre par Barack Obama a sans doute permis de sauver deux entreprises de la déroute. Mais cet investissement ne fut pas passif : l’Etat actionnaire a procédé à la vente de nombreuses marques, à la suppression de près de la moitié des distributeurs, et a obtenu des syndicats de rudes compromis sur les garanties d’assurance maladie offertes aux salariés. Les entreprises, après cette crise de minceu